Le premier jour de mars depuis onze ans
Je fais tous les ans avec respect
Mon pèlerinage au coin de la place.
Une minute de silence. Le temps d’un Pater
En souvenir de toi, mon ami
Fauché net à cet endroit.
À cet endroit ?
Je ne m’y retrouve pas. Il n’y a plus rien.
Ni chemin. Ni sentier.
Ni crête. Ni butte.
Ni allée. Ni talus. Ni brèche.
Ni ajonc. Ni genêt.
Ni ronces. Ni digitales.
Il ne reste plus un brin d’herbe
Vestiges dévastés :
Racines du vieux chêne arraché :
Membres éclatés
Entrées de champs en pierre taillée, jonchant un désert
De sable et de cailloux. De cailloux et de sable.
Un vrai sahara !
Ô mon ami, mon vieil ami : si tu voyais !
L’Apocalypse
1er mars 1969
(Traduction Paol Keineg)