Le soleil brûle. La terre est torride.
Pliée en deux depuis des heures et des heures
À des travaux difficiles ; je vais défaillir,
Les coups de mon cœur me battent aux oreilles
Éblouie, étourdie, jusqu’au vertige.
Il vaudrait mieux que j’arrête ou je tombe
Je me traîne lentement pour m’appuyer au talus
(Vieux talus généreux dont on cherche la mort !)
Grâce à la fraîcheur qui souffle sous le chêne
Mon sang s’apaise. Mes forces reviennent,
Ma fatigue s’enfuit, ma vue s’éclaircit.
J’ai sous les yeux le plus beau des tableaux !
Dans le bas, en face : le petit bois de Poull-Ankou,
Baignant dans un brouillard bleu.
Le vert profond du chêne me paraît noir
Les hêtres chargés de faînes ont un visage de rouille.
La dentelle du frêne est fine et aérienne.
Dans les mâts des peupliers des feuilles tendres.
Et en plein milieu du Bois : une tache de lumière.
Arc blanc du châtaignier en fleurs
Comme un pinceau géant qui aurait trempé dans de la crème !
Pour attirer les abeilles ?
24 juillet 1963
(Traduction Paol Keineg)