Chagrin

… Oui, scélérat
Tu prends plaisir à ma misère
Et tu ne peux cacher ton plaisir
Tu en as plein la bouche
« Moi j’ai accumulé des biens
Moi j’ai de l’argent, des maisons, des terres
— Et toi, qu’est-ce que tu as fait ? »
… Celle dont tu te moques,
Mon cher,
A trimé autant que toi
Mais voilà : son gilet
N’était pas aussi ample que le tien.
Elle ne savait pas comme toi
Apporter de l’eau à son moulin…
Pourtant je dois me taire
Les pauvres n’ont d’autre droit
Que de se taire !
… Maintenant, écoute :
Ton tas de biens ? Je m’en moque,
Toi par contre tu n’en as pas assez encore,
Il te faudrait ce que je possède
Il faudrait que j’aille nue sur la terre
C’est alors que tu t’esclafferais.
Un jour cependant fanfaron
Un jour on se retrouvera
Et tes cendres
Ne vaudront pas beaucoup plus
Que les miennes…

Octobre 1965

(Traduction Paol Keineg)

Ce poème en breton