— A quoi bon, mon frère
te lever avant le jour pour écouter la messe du matin
si tu restes ensuite à traîner, à boire, à
médire d’autrui ?
— A quoi bon, mon frère
donner généreusement aux bonnes śuvres
si c’est de l’argent facile gagné aux dépens
de tes frères qui n’en ont guère ?
— A quoi bon, mon frère
discourir sur l’Entente des Nations
et la concorde des Peuples
si tu n’es pas capable de vivre en paix avec tes
voisins… et peut-être ta femme ?
— A quoi bon, mon frère
partir en pèlerinage vers de célèbres sanctuaires
à l’autre bout du pays ou à l’étranger
si, à ta porte, la vieille chapelle de ton
saint patron tombe en ruine ?
— Et moi, pie bavarde, qui suis-je pour
te juger d’après la paille que je vois dans
ton śil
Quand le Grand Juge voit probablement la
poutre qui est dans le mien ?
30 novembre 1964
(Traduction Paol Keineg)