Choses qui irritent

— Quelqu’un frappe à la porte entrouverte. Vous dites : Entrez. Entre celui dont vous étiez justement en train de parler, et vous en disiez plus de mal que de bien. Voilà qui est détestable !

— Un ami arrive chez vous. Il vient de loin. C’est l’heure du déjeuner. Il n’y a rien à la maison, et personne sous la main pour aller aux courses. Quelle honte !

— Vous avez trouvé vos vaches en train de voler dans le champ d’un voisin. C’est vexant !

— Vous êtes fatiguée. Épuisée. Les chiens viennent gémir dans la cour pendant la nuit. Impossible de se reposer. Que c’est exténuant !

— Les souris courent au grenier au-dessus du lit. Vous aimeriez être chatte…

— Vous n’êtes pas encline à vous regarder attentivement dans le miroir, mais vous venez de voir une amie d’autrefois que vous avez trouvée bien vieillie. Vous scrutez votre visage et, ma foi ! ce que vous voyez ne vous plaît pas.

— Certains jours vous attendez une lettre de vos chères amies. Vous guettez le passage du facteur. Rien.
Aujourd’hui, une fois l’heure passée, vous êtes partie au travail. A votre retour deux lettres vous attendaient !… La facture du journal et l’avis des impôts. Quelle déception.

— Il allait pleuvoir. Vous avez placé un baquet sous le toit. Vous vous êtes réveillée en pleine nuit pour entendre le tic-tic-tec irrégulier. Le fond du baquet n’est pas encore recouvert, avez-vous pensé.
Cette maudite musique s’arrêtera bientôt. Le tic tic tec tac n’a pas cessé. Jusqu’au matin… Votre baquet était percé !

— Vous aviez invité des amis. Vous aviez préparé de bonnes choses. Vous avez attendu vos amis en vain. D’autres sont venus plus tard, qui ont nettoyé les petits plats. Vos amis arrivent enfin. Il n’y a que des restes… Que c’est embêtant à ces moments-là.

— Vous aviez une lettre urgente. Vous guettez au bord du chemin le passage du facteur. Vous apercevez la trace fraîche des roues de son vélo. Vous piquez une colère contre vous-même.

— En allant au travail vous êtes allée chercher un petit quelque chose au jardin pour votre nouveau voisin. Personne nulle part. Vous accrochez le panier à la poignée de la porte.
En revenant du travail vous découvrez que quelqu’un vous a rapporté un cadeau du pardon. Le soir vous rapportez le panier d’où il vient. Toujours personne.
Pendant ce temps-là le voisin vous a rapporté le vôtre. Galopades. Paniers et… visages de bois ! Voilà qui est irritant…

— La vache est partie dans les navets du voisin par la faute d’un
je-m’en-foutiste de chasseur qui n’a pas rebouché la brèche dans le talus.

(Traduction Paol Keineg)

Ce poème en breton