Mon village

Le Village est frappé de mutisme.
Il porte la couleur de la mort au cou.
Les battements de son cœur se sont arrêtés…

Je ne l’entends plus vivre.
Je ne l’entends plus parler.
Je ne l’entends plus chanter.
Je ne l’entends plus pleurer.
Ni rire, ni éternuer.
Ni tousser. Ni même soupirer !
Il est mort… Mort.

Le chant du coq à l’aube s’est tu
Le bruit des roues dans le chemin s’est tu
Le fouet du charretier s’est tu
(Et ses jurons !)
Le hennissement de la jument s’est tu
Quand elle retrouvait son poulain.
Fini le beuglement bas du taureau
Le bêlement plaintif de l’agneau nouveau-né
Plus de vache pleurant sur son lait
(Les champs sont partis en friche !)
Finis les battoirs — et les Langues —
Autour des lavoirs
Couverts de lentilles d’eau.
Les sentiers où poussent les ronces
Les chemins charretiers envahis d’herbe haute

Un train au loin fonce vers la Capitale
Des oisillons conversent dans une langue obscure
Interrompus par le rire idiot du Pivert.

31 août 1967

(Traduction Paol Keineg)

Ce poème en breton